Volume 5 Numéro 8 - 21 juin 2006

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SOMMAIRE

Enjeux-ÉNERGIE
>L’Ontario confirme des investissements massifs dans le nucléaire
> Québec injecte des fonds additionnels dans le transport collectif
> Les pays en développement pourraient prendre la tête du marché des biocarburants
> Hydro-Québec en 2010 : plus de puissance, plus d’efficacité et surtout plus d’exportations
> Observez vos coûts d’électricité en temps réele


Enjeux-CLIMAT
> Plan québécois 2006-2012 : une taxe carbone... et des occasions ratées
> MDP : un milliard de tonnes de GES en moins d’ici 2012
> Les vols nocturnes et hivernaux plus dommageables pour le climat


Dernière heure

La TRNEE réclame un engagement à long terme du Canada

La Table ronde nationale sur l’économie et l’environnement (TRNEE), dont les membres sont nommés par le premier ministre du Canada, affirme qu’il est possible de réduire de 60 % les émissions canadiennes d’ici 2050 en misant principalement sur l’efficacité énergétique et la capture et le stockage du carbone par l’industrie pétrolière et gazière. Ces réductions seraient possibles malgré la croissance très importante du secteur de l’exploitation des sables bitumineux prévus au cours des prochaines décennies. Le rapport de la TRNEE comprend des recommandations ambitieuses pour les principaux secteurs producteurs ou consommateurs d’énergie fossile.

Ce document est disponible sur le site de la TRNEE : http://www.nrtee-trnee.ca


À PROPOS du bulletin

Le bulletin Enjeux-ÉNERGIE est publié par le Centre Hélios, une société indépendante de recherches et d'expertise-conseil en énergie.

Les travaux du Centre sont axés sur l'analyse et la conception de stratégies, de politiques, d'approches réglementaires et de mesures économiques favorisant le développement durable et équilibré du secteur énergétique.

Les clients du Centre incluent les gouvernements, les organismes d'intérêt public et les producteurs et distributeurs d'énergie, parmi d'autres. Le Centre Hélios est un organisme à statut charitable reconnu par Revenu Canada et Revenu Québec. Tout don versé au Centre est déductible pour fins d'impôts.

- Parution toutes les trois semaines -

Rédaction :
Alexis BEAUCHAMP, Sophie GEFFROY, Maxime RIVET et Philip RAPHALS

Production :
Sophie GEFFROY et Maxime RIVET


REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier les partenaires suivants pour leur appui à cette publication :


 


 


Nous remercions également nos abonnés corporatifs :

> Environnement Canada
> Fasken Martineau DuMoulin S.E.N.C.R.L.
> Mouvement Desjardins

Nucléaire
L’Ontario confirme des investissements massifs dans le nucléaire

Le gouvernement ontarien a annoncé la mise en œuvre du plan 2005-2025 de l’Ontario Power Authority (OPA) « avec quelques modifications » et la remise, à une date indéterminée, de la fermeture des centrales au charbon ontariennes. Cette annonce se traduira par la construction de deux nouvelles centrales nucléaires et la réfection des centrales existantes, ainsi que par le doublement de l’objectif de conservation énergétique recommandé par l’OPA en décembre 2005. L’investissement total prévu est de 83 milliards $, dont environ la moitié sera attribuée à la filière nucléaire.

Concernant la fermeture des centrales au charbon, le ministre de l’Énergie Dwight Duncan n’a fait que confirmer ce que tous les observateurs savaient déjà, c’est-à-dire que le gouvernement libéral ne pourra respecter sa promesse électorale de 2003. Le gouvernement McGuinty avait déjà repoussé l’échéancier de 2007 à 2009, et c’est dorénavant l’OPA qui sera chargée d’établir le nouveau délai pour la cessation des activités de ces centrales qui fournissent actuellement 20 % de l’électricité de la province.

L’OPA recommandait d’accroître de manière importante la capacité de production nucléaire en Ontario afin de répondre à la croissance prévue de la demande, augmentation par ailleurs dénoncée par l’Institut Pembina comme largement surestimée. Selon ce groupe de recherche environnemental, il serait plus approprié de se baser sur la moyenne de croissance annuelle de la demande des quinze dernières années (0,5 %) plutôt que de miser sur une augmentation de 1,8 % par an jusqu’en 2025 comme le fait l’OPA. Selon Pembina, cette révision à la baisse éliminerait la justification pour la construction des deux nouvelles centrales totalisant 1000 MW de puissance.

Le gouvernement ontarien a toutefois choisi de baser ses calculs sur les prévisions de l’OPA. Il prévoit ainsi ajouter 2600 MW de capacité additionnelle provenant de la filière nucléaire, qui passerait de 11 400 à 14 000 MW en vingt ans.

Plusieurs ONG dénoncent le fait que le gouvernement évite de soumettre son plan stratégique, et le développement nucléaire qu’il implique, au processus provincial d’évaluation environnementale, comme l’avait été le plan stratégique de 1990. Ce processus permettrait notamment d’évaluer la nécessité d’ajouter une nouvelle capacité de production électrique et la viabilité d’autres options que la filière nucléaire.

Pour s’assurer que le plan global ne soit pas soumis à une évaluation provinciale, le gouvernement ontarien a adopté un nouveau règlement qui l’exempte explicitement de la loi ontarienne sur l’évaluation environnementale. Le commissaire à l’environnement de l’Ontario, Gordon Miller, a vivement dénoncé cette tactique et déploré le fait que le gouvernement n’ait pas soumis ce règlement à un examen public transparent, comme l’exige la Charte des droits environnementaux de l’Ontario, une première depuis l’instauration de la Charte il y a douze ans.

Concernant les énergies renouvelables, le gouvernement ontarien entend presque doubler la puissance, de 7855 MW en 2005 à 15 700 MW en 2025, suivant ainsi la proposition de l’OPA. L’Ontario vise des réductions des besoins à la pointe de 6300 MW en 2025 grâce à des mesures de conservation et de gestion de la demande, ce qui est deux fois ce que l’OPA avait recommandé. L’OPA avait toutefois souligné dans son rapport que le manque de données précises sur la consommation d’électricité en Ontario rendait périlleuses les prévisions sur vingt ans, ce qui justifie selon elle un objectif conservateur.

> Pour en savoir plus
[Communiqué en français du ministère de l’Énergie de l’Ontario]
[rapport de l’OPA] [article]


Transports
Québec injecte des fonds additionnels dans le transport collectif !

Le gouvernement de Jean Charest a dévoilé son nouveau plan visant à augmenter de 8 % l’achalandage du transport en commun d’ici 2012. Québec annonce des investissements annuels de 130 millions $ qui devront être doublés par les municipalités où sera améliorée l’offre de services. Si ces promesses se concrétisent, c’est donc 1,3 milliards $ qui seront investis sur cinq ans afin d’améliorer l’offre de services et de mettre en valeur les infrastructures et les équipements.

Les réactions initiales sont clairement positives, particulièrement de la part des instances municipales et régionales chargées du transport en commun. Ce vent de sympathie pourrait en partie être lié à la santé financière actuellement déplorable des infrastructures et des sociétés de transport en commun. Ce secteur souffre d’un sous investissement chronique depuis le début des années 1990, ce qui a comme conséquence de réduire la qualité du service offert malgré une augmentation importante des tarifs. Le Conseil régional de l’environnement de Montréal souligne que l’offre de services en 2006 est 15 % inférieure à celle de 1994.

Pour atteindre cette cible de 8 %, le gouvernement vise une augmentation de l’offre de services de 16 % à l’horizon 2012. L’atteinte de cet objectif nécessitera par ailleurs un renversement de vapeur puisque la part modale des transports en commun au Québec est en déclin important, passant de 20,3 à 16,5 % entre 1991 et 2003. Durant la même période, cette proportion a glissé de 22,5 à 19,5 % dans la région de Montréal.

Malgré ce recul, les Québécois demeurent les champions du transport en commun au Canada, avec 94,6 déplacements par habitant, comparativement à l’Ontario (79,8) et l’Alberta (66,8), respectivement deuxième et troisième.

Les capitaux investis par le gouvernement provincial proviendront des redevances sur les hydrocarbures annoncées dans le plan de lutte contre les changements climatiques (100 millions $), qui s’ajouteront aux 30 millions alloués par Québec aux initiatives touchant exclusivement le transport collectif dans les agglomérations de moins de 20 000 habitants. Si les villes ont annoncé leur intention d’égaler les fonds provinciaux, le gouvernement veut également convaincre les autres acteurs concernés, qui incluent les autorités de transports en commun, les usagers, les automobilistes, les employeurs et le gouvernement fédéral, de participer de manière accrue à la gouvernance et au financement du transport collectif.

La Société de transport de Montréal, l’Agence métropolitaine de transport et le Réseau de transport de la Capitale accueillent avec enthousiasme ce nouveau plan provincial, mais ces instances affirment qu’il est trop tôt pour affirmer si ces fonds seront suffisants pour atteindre l’objectif de croissance de 8 %.

Les usagers contribuaient pour 42 % du financement du transport en commun au Québec en 2004, soit un peu moins que la moyenne canadienne (46 %). Cette contribution a toutefois connu une croissance importante puisqu’elle était de 34 % en 1991. Les municipalités fournissent un peu plus du tiers du financement (36 %), le gouvernement du Québec (14%) et les automobilistes (8 %) contribuant pour le reste. Les municipalités et les gouvernements provinciaux du Canada contribuent proportionnellement moins que leur homologue québécois, tandis que les automobilistes du reste du Canada assument une part plus importante des frais (13 %).

Malgré certaines lacunes, ce plan de transport collectif indique une évolution positive dans un dossier où les enjeux politiques locaux et régionaux brouillent souvent les cartes. La balle est maintenant dans le camp des villes et de leurs instances responsables du transport collectif.

> Pour en savoir plus
[Politique québécoise du transport collectif]
[article]
[article]

Biocarburants
Les pays en développement pourraient prendre la tête du marché des biocarburants

La production de biocarburants, qui a connu une croissance sans précédents entre 2000 et 2005, pourrait davantage servir les pays en développement (PED) situés dans les zones tropicales que les pays plus nordiques comme le Canada. Le secteur des transports, dont les besoins énergétiques dépendent actuellement à plus de 96 % des sous-produits du pétrole, pourrait voir les éthanols et biodiesels à base de canne à sucre et d’huile de palme s’approprier une importante part du marché mondial des carburants.

Selon un rapport du Worldwatch Institute, réalisé avec les agences allemandes de coopération technique (GTZ) et des ressources naturelles (FNR), qui fait état des développements récents des biocarburants, les PED situés en zones tropicales bénéficieront d’un avantage économique considérable sur leurs voisins du nord dans la production des biocarburants.

La production d’éthanol à partir de la bagasse, un résidu de transformation de la canne à sucre, pourrait s’imposer davantage sur le marché d’ici quelques années. Selon le rapport, ce type d’éthanol, qui détient actuellement 40 % du marché mondial de l’éthanol et qui constitue une culture majeure pour plusieurs PED, pourrait occuper à lui seul jusqu’à 10 % du marché mondial de l’essence conventionnelle. Avec le prix du baril de pétrole dépassant les 50 $ depuis 2005, l’éthanol à base de canne à sucre et le biodiesel produit à partir d’huile de palme seraient devenus très compétitifs par rapport à l’essence et le diesel. Cette nouvelle situation pourrait permettre à plusieurs PED de faire une entrée marquée sur le marché mondial des carburants liquides.

En diminuant l’énergie fossile nécessaire à la fabrication des biocarburants, les percées technologiques ont amélioré l’efficacité de leur production, ce qui a notamment permis d’atteindre pour chaque type de biocarburant des bilans énergétiques positifs. Malgré ces progrès, la rentabilité énergétique de l’éthanol à base de maïs, de betterave sucrée ou de blé, toujours controversée, reste faible et peu avantageuse. Selon l’étude, il serait plus efficace pour les pays plus nordiques, comme le Canada, d’importer leurs biocarburants des pays situés en zones tropicales.

Les pays tropicaux détiennent un avantage considérable en produisant des biocarburants plus rentables par unité d’énergie produite. En effet, ils bénéficient souvent de conditions climatiques idéales et les techniques agricoles y sont beaucoup moins motorisées et moins dépendantes des énergies fossiles, des fertilisants et des pesticides.

Au-delà des considérations liées à la rentabilité énergétique, les biocarburants produits en zones tempérées ont généralement un impact plus grand sur l’environnement. Leurs bilans fossiles énergétiques, un indicateur de ralentissement des changements climatiques, varient entre 1,5 et 2, soit un peu mieux que l’essence et le diesel qui affichent des bilans respectifs de 0,75 et 0,9. Les biocarburants à base de canne à sucre et d’huile de palme obtiennent respectivement des indicateurs de 8 et 9.

Bien que la production d’éthanol et de biodiesel ait respectivement doublé et quadruplé, alors que la production de carburants conventionnels s’est accrue de seulement 7 % entre 2000 et 2005, Worldwatch Institute émet plusieurs recommandations pour accélérer davantage le développement mondial des biocarburants. Le rapport souligne notamment l’importance de renforcer le marché international, de diminuer les barrières tarifaires pour favoriser l’échange, de développer les nouvelles technologies, d’améliorer les normes environnementales de production et d’assurer l’équité dans la distribution des bénéfices, notamment vers les agriculteurs.

> Pour en savoir plus
[rapport]

Focus
Hydro-Québec en 2010 : plus de puissance, plus d’efficacité et surtout plus d’exportations

Hydro-Québec (HQ) a récemment dévoilé son Plan stratégique 2006-2010. S’il contient peu de nouvelles annonces, ce plan précise les intentions de la société d’État afin notamment de respecter la stratégie énergétique 2006-2015 du gouvernement du Québec. Le dévoilement de cette dernière annonçait déjà une accélération importante des grands projets hydroélectriques et de nouvelles cibles en matière d’efficacité énergétique. Quelques éléments méritent tout de même d’être soulevés concernant les plans d’HQ à l’horizon 2010.

Tout d’abord, l’objectif d’efficacité énergétique qu’Hydro-Québec se donne pour 2010 passe de 4,1 à 4,7 TWh, sur un total de 192,3 TWh requis à la fin de la décennie. Des efforts très importants seront donc nécessaires afin d’atteindre l’objectif de 8 TWh fixé par la province pour 2015 ; les gains en efficacité énergétique devront connaître un bond de 70 % entre 2010 et 2015. Un nouveau Plan global en efficacité énergétique (PGEE) sera déposé par HQ devant la Régie au cours des prochains mois. Le PGEE pourrait toutefois s’enliser dans la procédure d’élaboration, de financement et d’approbation du plan de l’Agence de l’efficacité énergétique. Détaillée dans la stratégie énergétique 2006-2015, cette procédure se veut rigoureuse, mais pourrait très bien s’avérer complexe et embourbée par les multiples instances impliquées.

Le Plan stratégique présente les capacités additionnelles de production prévues par HQ d’ici 2015. HQ juge insuffisante la marge de manœuvre actuelle, qui se chiffrait à 9,2 TWh en 2005, et indique qu’elle ne vendra pas d’énergie additionnelle à HQ Distribution sans avoir un surplus annuel estimé à 15 TWh ou plus. Autrement dit, la quantité d’énergie exportée devra atteindre 15 TWh par an en moyenne avant que la nouvelle production ne soit mise à contribution pour répondre à la demande future des québécois. Cela représente un changement majeur par rapport à la politique traditionnelle d’Hydro-Québec de répondre aux besoins québécois avant de procéder à des exportations.

HQ annonce qu’elle entend demander des augmentations tarifaires auprès de la Régie de l’énergie de 4,8 % en 2007, 3 % en 2008, 1,6 et 0,1 % en 2009 et 2010. Ces hausses reflètent le coût de service, qui augmentera au fur et à mesure que la proportion d’énergie post patrimoniale diminuera dans la production totale. HQ rejette ainsi la demande des « Lucides », notamment, visant à augmenter drastiquement les tarifs pour faire croître les dividendes payés par la société d’État, afin de réduire la dette du gouvernement du Québec. Les demandes tarifaires seront plutôt axées sur le taux de rentabilité d’HQ Distribution. Notons que les augmentations cumulatives de 11 % depuis 2004 ont permis à cette division d’atteindre le taux de rendement autorisés par la Régie. Enfin rappelons que, au moment de la mise en place du contrat patrimonial par la loi 116 en 2000, HQD montrait un déficit important, dû notamment au prix fixé par cette loi pour l’électricité patrimoniale fournie par HQ-Production.

Dans le domaine du transport, HQ affirme qu’elle veut devenir « une référence mondiale pour la qualité et la fiabilité de l’intégration de l’énergie éolienne ». Si l’on ne peut qu’applaudir cette ambition, il faut également reconnaître que TransÉnergie, la division transport d’HQ, n’a pas encore effectué une étude détaillée des contraintes et limites à l’égard de l’intégration de l’éolien dans son réseau, comme l’ont déjà fait plusieurs transporteurs européens. Une telle étude permettrait certainement de mieux orienter les choix d’HQ dans ce dossier névralgique.

Enfin, HQ annonce partiellement comment elle entend ajouter les 4500 MW de capacité hydroélectrique supplémentaire prévus dans la stratégie énergétique 2006-2015. Les complexes de la Romaine et de Petit-Mécatina fourniront chacun 1500 MW, les autres projets étant toujours à définir. Cette nouvelle capacité s’ajoutera aux 1943 MW actuellement en construction ou en phase d’évaluation environnementale, y compris le projet Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert, dont l’approbation ne semble être qu’une question de temps, selon HQ. Le temps nous dira si l’optimisme affiché par HQ quant à l’aval des instances environnementales est justifié ou non…

> Pour en savoir plus
[Plan stratégique]

Efficacité énergétique
Observez vos coûts d’électricité en temps réel

Hydro One Networks, la plus importante compagnie de distribution d’électricité de l’Ontario, s’apprête à faire une offre plutôt originale à ses clients résidentiels pour les aider à réduire leurs frais d’électricité. Les 30 000 premiers qui répondront à l’appel se verront offrir gratuitement un appareil permettant de suivre en temps réel leur consommation d’électricité et surtout ce qu’elle leur coûte.

Inventé par Blue Line Innovations, le PowerCost Monitor est constitué de deux unités : un détecteur et un système d’affichage. Le détecteur s’installe, facilement, sur le compteur d’électricité du domicile et lit la quantité d’électricité consommée en temps réel pour ensuite transmettre ces informations à l’unité d’affichage. Cette dernière ressemble à une petite horloge numérique qu’on peut accrocher au mur ou déposer sur une étagère. Elle indique la quantité d’électricité consommée par le ménage minute par minute et combien lui coûte cette électricité. Ainsi, l’utilisateur peut comparer, en faisant des tests, la différence de consommation d’électricité que cause la mise sous tension et hors tension des divers appareils électriques dans son domicile.

L’initiative d’Hydro One fait suite à un projet pilote effectué dans le nord de l’Ontario, il y a un an. Cette expérience a révélé que, grâce à l’usage du PowerCost Monitor, les 500 ménages participants ont réduit leur consommation d’électricité de plus de 15 % en moyenne.

Notons que l’appareil se vend normalement au coût de 150 $. Il pourrait s’avérer encore plus utile au consommateur dans l’éventualité de tarifs d’électricité sur une base horaire, soit en vue de répartir la consommation entre les heures de pointe et hors pointe, ou pour suivre le coût horaire réel de l’électricité sur le marché.

> Pour en savoir plus
[communiqué]
[site]



Plan québécois 2006-2012 : une taxe carbone... et des occasions ratées

Le gouvernement Charest a dévoilé son plan de lutte contre les changements climatiques, qui prévoit ramener les émissions de GES québécoises 1,5 % sous le niveau de 1990. Ce document instaure une redevance aux entreprises du secteur de l’énergie qui émettent des GES, cotisation qui devrait permettre de récolter 200 millions $ annuellement.

Vers une écofiscalité ?

L’application du principe de pollueur-payeur est l’élément clé de ce plan, et le fait que les compagnies entendent refiler la note aux consommateurs ne fait que renforcer ce principe. Cette ponction, qui est en fait une taxe carbone, représente un instrument essentiel à la réalisation de réductions des GES beaucoup plus ambitieuses qui seront nécessaires aux cours des prochaines décennies. Le fait d’attribuer une valeur économique au carbone permet d’exploiter les forces du marché pour réduire de manière efficace, d’un point de vue environnemental et économique, les émissions de GES.

Les modalités de mise en oeuvre de cette redevance seront déterminées par la Régie de l’énergie, la taxe étant modulée afin de pénaliser les hydrocarbures émettant le plus de GES (notamment le coke de pétrole et le mazout).

Le plan québécois de lutte contre les changements climatiques sera donc financé par les entreprises et consommateurs qui contribuent le plus directement au problème. Afin de pousser plus loin le raisonnement, les gouvernements québécois et canadien devraient diminuer les impôts sur le revenu et augmenter proportionnellement les charges imposées sur les émissions de GES. Les revenus pour les gouvernements seraient les mêmes, et cette restructuration s’avérerait beaucoup plus efficace que les incitatifs et autres politiques basés sur le volontariat, qui se sont largement avérés un échec au Canada depuis 1990. La redevance annoncée par Québec pourrait devenir la première étape dans l’établissement graduel d’une écofiscalité, qui répond mieux à la complexité des objectifs de développement durable que l’approche traditionnelle de réglementation directe. La Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, un organisme consultatif qui relève du bureau du premier ministre du Canada, a d’ailleurs émis un avis dans ce sens en 2005.

Des annonces positives et des occasions manquées

Outre ce pas important qui met le Québec à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques, le plan contient d’autres mesures intéressantes, mais également des opportunités ratées et quelques zones grises.

Tout d’abord, l’adoption de normes d’émissions de GES « se rapprochant des résultats attendus » du modèle californien qui sera, lors de son entrée en vigueur en 2009, le chef de file en Amérique du Nord, est bénéfique. Il est toutefois pertinent de se demander pourquoi le gouvernement ne choisit tout simplement pas d’adopter les normes de la Californie, comme New York et plusieurs autres États américains feront. Dans le même sens, pourquoi Québec ne met-il pas en place un système d’inspection des véhicules légers, qui aurait un impact à court terme sur la consommation d’essence du parc automobile actuel, ainsi que sur la pollution atmosphérique et les émissions de GES ?

Par ailleurs, une autre lacune du plan est qu’il ne prévoit qu’une faible réduction des émissions dans le secteur commercial et institutionnel, qui ont augmenté de plus de 66 % entre 1990 et 2003. Certes, des mesures d’efficacité énergétique affecteront ce secteur, mais aucune mesure ne le vise spécifiquement. Même si l’objectif global de 600 000 tonnes de réductions est atteint, cette cible inclut les gains réalisés dans les secteurs résidentiel, industriel et municipal. Or, dans l’optique où la moitié des réductions serait effectuée par les commerces et institutions, cela traduirait une diminution de seulement 4,3 % de leurs émissions. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments publics de 10 à 14 % d’ici 2010 est positive, mais n’affectera pas les commerces.

Le fait de rendre obligatoire le programme Novoclimat, qui améliore l’efficacité énergétique des nouveaux bâtiments, est un pas en avant, mais cela n’affecte pas le parc immobilier existant. Or, d’importants gains pourraient être faits en ce qui a trait à la performance énergétique des maisons et bâtiments déjà construits. Le programme ÉnerGuide vise justement à encourager de telles mesures, par une meilleure isolation ou des systèmes de chauffage ou de climatisation plus efficaces, par exemple. Le gouvernement fédéral vient toutefois d’annoncer l’abandon d’ÉnerGuide, que Québec a décidé de financer partiellement jusqu’en 2007. Malgré tout, les subventions ÉnerGuide ne couvrent pas les multiplex, qui constituent 45 % du parc de logements au Québec et 59 % à Montréal. Maintenant que l’Agence d’efficacité énergétique du Québec a pris la barre du programme, cette omission des multiplex est difficilement justifiable, surtout lorsque l’on sait que ce type d’habitation est davantage présent ici que dans les autres provinces canadiennes.

De nouveaux investissements en matière d’efficacité énergétique sont une bonne nouvelle, même si les gains visés sont relativement modestes (600 kilotonnes d’éq. CO2, ou 6 % des réductions annuelles globales). La forme que ces mesures prendront sera plus déterminante encore que le montant alloué (150 millions $ sur six ans). En effet, les programmes d’efficacité énergétique se butent à des problèmes structurels, particulièrement l’investissement de capital initial qui est souvent important et qui implique que le particulier ou l’entreprise assume un certain risque, difficultés qui minent l’impact réel de ces programmes. La mise en œuvre d’un programme permettant au consommateur de payer les mesures d’efficacité énergétique par le biais d’une charge de service énergétique sur sa facture d’électricité, aurait le potentiel de générer des investissements privés très importants tout en lui permettant d’économiser de l’argent.

Le désir du gouvernement québécois de négocier des ententes volontaires avec le secteur industriel promet d’être plus difficile à réaliser tandis que celui-ci a déjà fait des efforts en réduisant ses émissions de 6,8 % entre 1990 et 2003. Les réductions les plus « faciles » et les plus rentables ont donc déjà été partiellement effectuées par l’industrie québécoise. Alors que les intentions précises d’Ottawa dans le dossier sont actuellement incertaines, il n’est pas clair comment Québec pourra convaincre ce secteur d’approfondir ses efforts.

Un changement d’orientation

La province n’avait pas de stratégie claire dans ce dossier depuis son plan 2000-2002 ; cette nouvelle politique est donc un développement positif. Comme l’a clairement indiqué le premier ministre Charest, Québec attend maintenant un coup de pouce du fédéral pour combler les 4,5 mégatonnes manquantes pour que la province respecte l’objectif canadien de -6 % inclus dans le protocole de Kyoto. Il existe une stratégie politique derrière le fait de présenter un plan qui n’atteint pas la cible quantifiée de Kyoto : le gouvernement Charest peut ainsi cogner à la porte du fédéral avec un plan précurseur, financé de manière autonome et qui démontre que le Québec est prêt à aller de l’avant dans le dossier.

Pour la première fois, le gouvernement du Québec annonce un plan contre les changements climatiques qui met l’accent non pas sur le faible bilan per capita de la province par rapport au reste du Canada, mais plutôt sur des actions concrètes et réalistes. Si leur mise en œuvre réussit, étape qui s’avère toujours la plus périlleuse, Québec pourra se targuer d’être à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques.

> Pour en savoir plus
[Plan d’action]
[Rapport TRNEE]
[article]



MDP : un milliard de tonnes de GES en moins d’ici 2012

Selon le Secrétariat des Nations Unies sur les changements climatiques, le Mécanisme pour un développement propre (MDP) du protocole de Kyoto devrait générer des réductions d’émissions de gaz à effet de serre de plus d’un milliard de tonnes d’ici la fin de 2012. C’est l’équivalent des émissions annuelles de l’Espagne et de la Grande-Bretagne réunis, ou 4 % des émissions mondiales annuelles découlant des activités humaines.

Plus de 800 projets ont été soumis au Conseil exécutif du MDP, dont 222 qui sont enregistrés et 38 qui sont sur le point de l’être. L’année dernière, seulement 140 projets avaient été soumis pour une demande d’enregistrement.

De plus, le Secrétariat souligne que la distribution géographique des projets tend à s’améliorer et qu’elle est plus équitable que les années précédentes. Ainsi, 27 projets basés en Afrique ont été soumis, dont cinq ont déjà été enregistrés. Janos Pasztor, du Secrétariat de la CCNUCC, admet cependant que la répartition géographique demeure encore trop inégale par rapport à l’intensité de la croissance des projets.

> Pour en savoir plus
[communiqué de la CCNUCC]

Les vols nocturnes et hivernaux plus dommageables pour le climat

Les avions volant la nuit et durant les mois d’hiver contribuent de manière disproportionnée aux changements climatiques, rapporte une nouvelle étude publiée dans le magazine britannique Nature.

Les chercheurs affirment que la traînée de condensation produite par les avions volant à haute altitude a des impacts contradictoires : elle contribue à l’effet de serre en agissant en quelque sorte comme une « couverture » qui empêche la chaleur de s’échapper mais elle a aussi l’effet contraire en reflétant la lumière du soleil vers l’espace. Même pendant le jour, l’effet de serre est plus important que la réflexion des rayons solaires.

Les vols nocturnes ont toutefois un impact beaucoup plus important sur l’effet de serre puisque le phénomène de réflexion diurne n’existe pas. Les vols entre 18h et 6h ne constituent que le quart des vols aériens, mais ils sont, selon l’étude, responsables de 60 à 80 % de l’impact sur le climat.

La saison joue aussi un rôle, puisque la plus grande humidité atmosphérique des mois de décembre à février dans l’hémisphère nord, où ont lieu la majorité des vols, amplifie le phénomène de traînée de condensation. Les vols hivernaux représentent 22 % du trafic annuel, mais contribuent à la moitié de l’effet de serre total.

Les 16 000 avions commerciaux en opération dans le monde émettent 600 mégatonnes de CO2 par an, résultat de leur consommation de 190 milliards de litres de kérosène. Alors que les émissions totales de l’Union européenne ont fléchi de 5,5 % (-287 mégatonnes) entre 1990 et 2003, les émissions du trafic aérien international de l’Union européenne ont connu une croissance de 73 % (+ 47 mégatonnes). Ce bond a été réalisé malgré une augmentation de l’efficacité énergétique des avions de 17 % depuis 1990. Rappelons que les émissions découlant de ce trafic ne sont pas,jusqu’ici comptabilisées dans les bilans nationaux élaborés pour le protocole de Kyoto, seules les émissions domestiques le sont.

> Pour en savoir plus
[article]]
[article]
a href="http://ec.europa.eu/environment/climat/pdf/com_aviation_fr.pdf">[document de la Commission de l’UE]