Volume 6 Numéro 2 - 1 février 2007

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SOMMAIRE

Enjeux-ÉNERGIE
> 100 000 MW d’électricité géothermique envisageables d’ici 2050, selon le MIT
> Une autre façon de prendre le taxi
> Focus > Politique énergétique américaine : un peu de CAFE, beaucoup de maïs
> Le gouvernement fédéral promet deux milliards $ pour l’écoÉNERGIE
> Piles à combustible pour les petits moteurs


Enjeux-CLIMAT
> La Californie adopte un standard pour les carburants
> Centrales au charbon en voie d’extinction en Californie
> Le gouvernement britannique veut encadrer les compensations volontaires de carbone
> 4è rapport du GIEC disponible le 2 février


NOUVELLE du Centre

Foresterie et changements climatiques

Sous la gouverne de Luis Salgado, le Centre Hélios fournit des services de développement de projets et d’assistance technique pour deux projets MDP en foresterie au Pérou. L’ONG péruvienne AIDER a retenu nos services pour un projet de 10 000 ha, « Ignacio Távara », qui concerne la reforestation d’un écosystème de savane, notamment à des fins de séquestration de CO2. Le second projet, en partenariat avec des entreprises britannique et péruvienne, vise la reforestation de 4000 ha dans le cadre du MDP de forêts amazoniennes dégradées, et la gestion forestière de 12 000 ha additionnels pour en éviter la déforestation, ce volet étant exclu du MDP.

Le Centre Hélios prépare aussi un cours en ligne en espagnol sur le développement de projets MDP, à la demande de la Communauté Andine des Nations. Enseigné à partir du portail web du Earth Council, il vise à faciliter la soumission de projets MDP. Une version en français est aussi prévue.


À PROPOS du bulletin

Le bulletin Enjeux-ÉNERGIE est publié par le Centre Hélios, une société indépendante de recherches et d'expertise-conseil en énergie.

Les travaux du Centre sont axés sur l'analyse et la conception de stratégies, de politiques, d'approches réglementaires et de mesures économiques favorisant le développement durable et équilibré du secteur énergétique.

Les clients du Centre incluent les gouvernements, les organismes d'intérêt public et les producteurs et distributeurs d'énergie, parmi d'autres. Le Centre Hélios est un organisme à statut charitable reconnu par Revenu Canada et Revenu Québec. Tout don versé au Centre est déductible pour fins d'impôts.

- Parution toutes les trois semaines -

Coordonnateur et rédacteur :
Alexis BEAUCHAMP

Direction :
Philip RAPHALS

Production :
Sophie GEFFROY


REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier les partenaires suivants pour leur appui à cette publication :


 


Nous remercions également nos abonnés corporatifs :

> Environnement Canada
> Fasken Martineau DuMoulin S.E.N.C.R.L.
> Mouvement Desjardins
> Innergex II

Nous tenons aussi à remercier la Fondation EJLB pour son soutien à Enjeux-ÉNERGIE.

Géothermie
100 000 MW d’électricité géothermique envisageables d’ici 2050, selon le MIT

Un groupe d’experts mis sur pied par le Massachussets Institute of Technology vient de publier le rapport le plus exhaustif sur le potentiel de production électrique à partir des roches chaudes et fracturées, appelées Enhanced Geothermal Systems (EGS) en anglais. Les résultats de l’étude de près de 400 pages soulignent le potentiel jusqu’à maintenant largement ignoré de cette ressource présente dans toutes les régions des États-Unis.

Les chiffres sont pour le moins impressionants : les ressources d’EGS pouvant potentiellement être exploitées représentent entre 280 et 5600 fois la consommation annuelle d’énergie primaire aux États-Unis, soit 100 exajoules (EJ, 1018 joules). Les auteurs prennent soin de souligner que toute estimation de ce type, par sa nature même, relève de la spéculation. Ils font une analogie avec l’évaluation des ressources de pétrole ou de gaz naturel. Ceci dit, même en adoptant le chiffre le plus conservateur, soit 28 000 EJ de ressources EGS, le potentiel de développement est colossal.

Alors que l’énergie géothermique actuellement utilisée pour la production d’électricité aux États-Unis, et ailleurs dans le monde, relève de ressources hydrothermiques relativement peu profondes, les ressources EGS se situent entre 3 et 10 km sous la surface terrestre, où les températures se trouvent entre 150 et 300 ºC. C’est pourquoi on utilise aussi l’expression de forage thermique (« heat mining ») pour faire référence à la technologie nécessaire à l’exploitation de cette ressource.

Concrètement, les outils et technologies utilisés dans les projets pilotes d’EGS en France et en Australie sont très semblables à ceux servant au forage pétrolier. L’étude du MIT affirme que des investissments fédéraux « modestes » en recherche et développement, 400 M$ sur quinze ans, seraient suffisants pour améliorer grandement la « compétitivité » de l’exploitation géothermique EGS. Des progrès substanciels pourraient ainsi être réalisés en ce qui a trait à la technologie de forage, à une conversion énergétique plus efficace de la ressource géothermique et une meilleure utilisation et gestion à terme de chaque réservoir EGS.

Les experts réunis dans le cadre de ce projet comprenaient des spécialistes de la géothermie, mais également des professionnels du milieu de l’énergie, des économistes et des experts environnementaux. Selon ce groupe, les progrès réalisés depuis trente ans ont permis de résoudre des problématiques reliées au court-circuitage de la circulation géothermique, à la nécessité d’effectuer des injections à haute pression, aux pertes d’eau et aux impacts géochimiques et séismiques.

Le rapport du MIT affirme également que plusieurs attributs de la géothermie EGS en font une ressource fort intéressante : large distribution géographique, propice à fournir une charge de base au réseau électrique, modularité de très petites à de grandes centrales, peu d’impacts environnementaux ou d’émissions de GES.

L’exploitation des ressources EGS nécessiterait toutefois des installations très imposantes afin d’exploiter de grands réservoirs sous la surface.

Les coûts associés à cette forme d’énergie sont élevés, même s’ils devraient beaucoup diminuer grâce aux progrès technologiques escomptés. Ils sont étroitement liés à la qualité de la ressource et au choix du site, mais pourraient varier entre environ 11 ¢/kWh et 90 ¢/kWh lors de la phase initiale de développement. L’étude prévoit toutefois des coûts très intéressants si la technologie arrive à maturité, ceux-ci tombant dans une fourchette de 3,6 à 9,1 ¢/kWh.

> Pour en savoir plus
[communiqué]


Transports
Une autre façon de prendre le taxi

Une compagnie de taxis de Londres compte uniquement des Toyota Prius parmi sa flotte, achète des compensations de carbone pour les émissions de GES de ses hybrides et oblige ses conducteurs à suivre une formation de conduite écologique.

L’entreprise Greentomatocars permet aussi à sa clientèle de réserver à l’avance, par internet ou téléphone, afin qu’une « voiture tomates vertes » vienne la chercher à un point précis.

Lancée en mars 2006 avec quatre voitures, l’entreprise en compte déjà 35 et prévoit en ajouter entre quatre et six par mois, afin de répondre à une demande en forte croissance.

L’un des dirigeants de l’entreprise affirme que ses taxis émettent la moitié du CO2 des taxis londoniens classiques. Lors des embouteillages, l’avantage de la Prius à ce niveau est encore plus marqué.

Greentomatocars possède aussi une politique d’embauche favorisant l’emploi des minorités éthniques et offre des formations pour assurer une qualité de service exemplaire.

L’entreprise précise qu’elle offre des courses au même coût que ses concurrentes, et même moins chères pour certains itinéraires déterminés, notamment entre le centre-ville et l’aéroport.

> Pour en savoir plus
[Greentomatocars]
[article]


Focus
Politique énergétique américaine : un peu de CAFE, beaucoup de maïs

Le président des États-Unis, George W. Bush, a profité de son discours à la Nation pour annoncer son programme « Vingt en dix », qui vise à diminuer la dépendance américaine envers les importations de pétrole de 20 %, par rapport au scénario de référence, d’ici 2017.

Un an après avoir affirmé que les États-Unis sont « accros » au pétrole, le président Bush a annoncé un plan qui veut multiplier par cinq la production annuelle d’éthanol (de 7 millards de gallons en 2007 à 35 milliards dix ans plus tard) tout en augmentant à partir de 2010 les normes d’économie d’essence des véhicules.

Plusieurs observateurs ont rapidement souligné à quel point il sera difficile d’augmenter la production américaine d’éthanol, aujourd’hui presqu’exclusivement dérivée du maïs, au niveau escompté. Alors que cette production accaparait 20 % du maïs américain en 2006, cette proportion a déjà un effet important sur le prix de la céréale, qui a augmenté de 40 % en trois ans (voir EÉ vol.6 nº 1). Le prix élevé du maïs sur le marché mondial a d’ailleurs un impact au Mexique, où les tortillas représentent l’aliment de base pour une grande partie de la population. Le président Calderon vient d’ailleurs d’imposer une limite sur leur prix.

Outre les questions de disponibilité, plusieurs experts soulignent que le bilan énergétique de l’éthanol à base de maïs est peu reluisant et que les gains du point de vue des GES sont faibles.

Le président Bush a cependant explicitement fait référence à l’éthanol cellulosique comme une voie d’avenir qui permettrait d’atteindre son objectif. Si le potentiel de croissance et le bilan environnemental de l’éthanol cellulosique sont certes intéressants, il demeure que des progrès substanciels doivent être réalisés concernant son coût de production, environ 2,25 $US/gallon. Cette forme d’éthanol commence à peine à être commercialisée à petite échelle, bien qu’elle jouisse d’une subvention fédérale de 0,51 $ par gallon aux États-Unis, avantage accordé à tous les biocarburants. La Maison-Blanche a par ailleurs annoncé une subvention supplémentaire de 1,6 MM$ afin de développer les nouvelles sources d’éthanol.

Le secrétaire de l’Énergie américain, Samuel Bodman, affirme pour sa part que les États-Unis « devront augmenter les importations d’éthanol » s’ils veulent atteindre l’objectif annoncé par la Maison-Blanche. Une taxe de 0,54 $/gallon est actuellement imposée sur l’éthanol importé, notamment celui produit grâce à la canne à sucre au Brésil, le pays qui exporte le plus d’éthanol dans le monde. Le Secrétaire Bodman a ajouté qu’il prévoyait l’élimination de cette barrière tarifaire d’ici 2008 et l’abolition des subventions pour les fermiers américains produisant de l’éthanol en 2010, précisant que les États-Unis doivent « aller au-delà du maïs ».

Par ailleurs, le nouveau plan de la Maison-Blanche vise à encourager les carburants « alternatifs » plutôt que les carburants « renouvelables », cette distinction permettant d’inclure l’essence synthétique produite grâce au charbon. Selon le président du California Air Resources Board, ce procédé double les émissions de GES normalement associées à la production pétrolière, à cause de la quantité moindre d’énergie récupérable du charbon par atome de carbone, comparativement au pétrole.

De plus, les normes américaines d’économie d’essence étant sensiblement les mêmes depuis la fin des années 1980, le président propose de les augmenter de 4 % par année à partir des modèles de 2010. La Maison-Blanche veut cependant que ces nouvelles normes s’appliquent à des catégories de voitures et de camions qui pourraient être classées selon le poids, plutôt qu’à la flotte complète de chacun des manufacturiers. Cette façon obligerait le secteur automobile à produire des voitures et camions plus économes dans toute les catégories. Toutefois, l’ONG Union of Concerned Scientists souligne que cette approche pourrait permettre aux manufacturiers de vendre encore plus de VUS et autres grands consommateurs d’essence, même si ceux-ci seraient individuellement un peu moins gourmands.

Le président Bush affirme que l’éthanol (15 %) et l’économie d’essence (5%) permettront de diminuer du cinquième la consommation américaine comparativement à un scénario où aucune mesure additionnelle n’aurait été adoptée. Selon les prévisions, la consommation d’essence continuerait donc à augmenter, mais plus lentement que prévu.

Les rumeurs prétendant que le président Bush allait profiter de son discours à la Nation pour annoncer une révision de sa politique sur les changements climatiques se sont avérées fausses. La Maison-Blanche a plutôt mis l’accent sur la sécurité énergétique, en voulant réduire la consommation mais également en augmentant la production nationale, notamment en Alaska, et en doublant les réserves stratégiques de pétrole pour 2027. Le Los Angeles Times estime que cette unique mesure devrait coûter 55 MM$ au cours des deux prochaines décennies.

Pour la première fois, George W. Bush doit cependant travailler avec un Congrès à majorité démocrate. Les ténors de ce parti ont d’ailleurs clairement annoncé qu’ils voulaient faire de l’énergie et des changements climatiques une priorité. Il est donc improbable que le plan « Vingt en dix » soit adopté tel quel au Congrès. Plusieurs projets de loi plus ambitieux sont d’ailleurs actuellement en gestation au sein des deux chambres sur le Capitol.

Les Démocrates ont déjà promis de réorienter une importante partie des subventions accordées aux énergies fossiles vers les énergies renouvelables. La speaker de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, a également créé un nouveau comité dédié spécifiquement aux changements climatiques.

Il demeure toutefois que les changements climatiques ne se cantonnent pas aux lignes de parti : plusieurs démocrates représentant des comtés ou des États producteurs de charbon, de pétrole ou de voitures, notamment, sont fortement opposés à un plafond sur les émissions de GES, tandis que certains Républicains y sont favorables. Une majorité démocrate ne signifie donc pas nécessairement que le seuil critique a été atteint afin que des progrès substantiels soient réalisés dans ce dossier. Il est cependant difficile de nier que la porte menant à une action forte dans ce sens est plus ouverte qu’elle ne l’a été depuis longtemps…

> Pour en savoir plus
[Dossier de la Maison-Blanche]
[article]
[article]
[opinion]
[communiqué]]
[article]


Politiques et plans
Le gouvernement fédéral promet deux milliards $ pour l’écoÉNERGIE

Percevant l’environnement comme son talon d’achille dans un contexte électoral, le gouvernement conservateur multiplie les annonces depuis l’automne en la matière. Ottawa a récemment divulgué des investissements de 2 MM$ sur dix ans dans les initiatives écoÉNERGIE, qui consisteront en subventions pour les énergies renouvelables, en incitatifs et nouvelles normes pour l’efficacité énergétique et en fonds pour la recherche et le développement.

La part du lion de ce montant prendra la forme d’une subvention de 1¢/kWh pour les nouveaux projets produisant de l’électricité à partie d’énergie renouvelable et propre, jusqu’à concurrence de dix ans. Les sources d’énergie éligibles sont l’éolien, les petites centrales hydroélectriques (moins de 30 MW), la biomasse, le solaire photovoltaïque, la géothermie et l’énergie des vagues et des marées.

Le gouvernement estime qu’un investissement de 1,5 MM$ sera mobilisé par ce programme, pour une moyenne de 150 M$ par année. Ce montant est en-deça de ceux du gouvernement antérieur qui avait spécifiquement alloué 600 M$ de 2006 à 2012, en plus des deux à trois milliards du Fonds du partenariat sur dix ans, dont une partie non négligeable aurait été accordée à des projets dans le secteur électrique.

Le gouvernement Harper a aussi promis 300 M$ sur quatre ans pour promouvoir l’efficacité énergétique, dont 220 M$ pour les maisons et les entreprises visées par le défunt programme ÉnergGuide. Le ministère fédéral des Ressources naturelles prévoit que les subventions accordées dans le cadre du programme écoÉNERGIE Rénovation seront en moyenne « de plus de 1000 $, pour une réduction des coûts et de l’utilisation de l’énergie de 30 % ».

Par ailleurs, le gouvernement s’engage à établir un dialogue avec les provinces « dans le but d’encourager les autres ordres de gouvernement à adopter des normes plus sévères en matière de codes énergétiques pour les bâtiments ».

Par ailleurs, un moyen intéressant de contribuer à l’atteinte de cet objectif aurait été de s’inspirer du récent ordre exécutif du président Bush, obligeant toutes les agences fédérales américaines à améliorer l’efficacité énergétique de leur parcs immobiliers et automobiles au cours de la prochaine décennie.

Ces mesures s’ajoutent aux nouvelles normes annoncées par Ottawa en octobre 2006, qui établiront une norme minimale d’efficacité énergétique pour une nouvelle gamme de produits ou resserreront les normes déjà appliquées à d’autres produits, notamment les électroménagers et les appareils électroniques. Elles entreront en vigueur à partir de cette année.

Le gouvernement conservateur investira également 230 M$ en recherche et développement, particulièrement en matière de séquestration de CO2 et de production d’électricité « propre » à partir du charbon, d’exploitation propre des sables bitumineux et d’énergie renouvelable. Le ministre des Ressources naturelles, Gary Lunn, s’est d’ailleurs exprimé en faveur de l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la transformation des sables bitumineux.

> Pour en savoir plus
[communiqué]
[article]
[article]


Hydrogène
Piles à combustible pour les petits moteurs

Un nouveau mécanisme permettrait de contrôler plus facilement l’énergie issue des piles à combustibles, facilitant ainsi l’utilisation de cette technologie dans les tondeuses à gazon ou les scies mécaniques, notamment.

Des chercheurs de l’Université de Princeton affirment avoir trouvé une solution permettant de moduler beaucoup plus adéquatement l’énergie produite par les piles à combustible. Actuellement, celles-ci nécessitent un système complexe de régulation de l’humidité, de récupération et de recyclage du combustible afin d’obtenir une efficacité acceptable.

Le nouveau procédé est un système étanche, où l’eau qui résulte de la réaction chimique n’est pas rejetée mais plutôt réutilisée afin de contrôler la taille de la chambre de réaction, et donc la quantité d’énergie créée. La chambre de réaction est l’endroit où l’hydrogène et l’oxygène réagissent pour produire de l’eau, de l’électricité et de la chaleur.

« Le niveau variable de l’eau dans le canal de gaz permet de contrôler la résistance de la pile à combustible […] c’est presque tellement simple que ça ne devrait pas fonctionner, mais ça marche », explique Jay Benziger, auteur de l’étude qui paraîtra dans le périodique Chemical Engineering Science.

Selon lui, ce nouveau système est idéal pour des petits moteurs pour lesquels il n’existe actuellement pas de normes d’émissions de GES et qui sont très polluants, notamment les tondeuses. Cette option offre aussi l’avantage de ne pas nécessiter un important système de distribution de l’hydrogène, qui pourrait être distribué comme le sont actuellement les bonbonnes de propane.

> Pour en savoir plus
[article]
[article]





La Californie adopte un standard pour les carburants

Le gouverneur Schwarzenegger a adopté un ordre exécutif qui obligera une réduction d’au moins 10 % des émissions de GES des carburants vendus en Californie en 2020. Fait significatif, cette diminution de 10 % devra se réaliser dans le cadre d’une analyse de cycle de vie, c’est-à-dire lors de toutes les étapes de la production, du transport et de la combustion des carburants, et non seulement lors de son utilisation finale.

Les autorités californiennes s’attendent à ce que cette mesure contribue directement à la présence de 7 millions de véhicules alternatifs (carburant à l’éthanol ou hybrides) sur les routes de l’État en 2020.

Comparativement au plan proposé par la Maison-Blanche, la loi californienne précise une cible obligatoire de réductions des émissions de GES, mais n’identifie pas comment elle doit être atteinte et ne propose pas de subventions ou de prêts garantis.

La secrétaire de l’Agence de protection environnementale de la Californie, Linda Adams, croit que les voitures hybrides branchées pourraient bien faire partie de la solution. Ces voitures sont des hybrides dont les batteries peuvent être rechargées en les branchant sur le réseau électrique. Jumelée à la diminution des émissions du secteur électrique, cette option pourrait réduire de manière significative les émissions du secteur automobile.

Si la cible de 10 % est atteinte en 2020, le gouvernement californien croit que cela entraînera une diminution de 13 mégatonnes dans l’État. Si on ajoute les standards sur les émissions de GES des voitures, actuellement l’objet de poursuites par le secteur automobile, la Californie réduirait de 26 % sa consommation de pétrole d’ici 2017, par rapport au but de 20 % de la Maison-Blanche sur le même horizon.

Cette mesure désavantage le pétrole dont la production est très polluante, notamment celui issu des sables bitumineux. Si le pétrole albertain produit de cette manière n’est actuellement presque pas exporté en Californie, l’adoption d’un standard semblable par d’autres États américains ou par le gouvernement fédéral aurait certainement un impact plus important.

De la même façon, l’éthanol produit à base de maïs est défavorisé face à l’éthanol cellulosique, puisque l’utilisation du maïs nécessite des pesticides et le transport à partir des États producteurs de maïs.

> Pour en savoir plus
[article]
[discours sur le standard pour les carburants]



Centrales au charbon en voie d’extinction en Californie

La Commission sur les services publics de la Californie (CPUC) a entériné un standard empêchant le secteur électrique de construire de nouvelles centrales qui émettent plus d’émissions de GES qu’une centrale à cycle combiné (1100 lbs ou 500 kg de CO2 par MWh).

Ce secteur ne pourra pas, non plus, signer de contrat de cinq ans ou plus avec des centrales hors de la Californie qui ne respectent pas cette norme, et il sera impossible de faire des investissements majeurs dans les centrales existantes qui dépassent la limite de GES. La limite de cinq ans augmente les risques pour les acteurs impliqués.

En 2005, 20,1% de la production électrique provenait de centrales au charbon en Californie, soit 58 000 GWh. 51 % de cette production a été importée d’États voisins, cette proportion grimpant à 93 % lorsque les centrales étaient situées à l’extérieur de l’État, mais contrôlées par des services publics californiens.

Notons que les services publics municipaux ne sont pas soumis à ce standard sur les émissions de GES, bien qu’ils soient d’importants importateurs d’électricité produite à partir du charbon. C’est la California Energy Commission, et non la CPUC, qui est en charge de réglementer les services publics municipaux : elle devrait annoncer un standard semblable en juillet prochain.

La CPUC dit qu’elle perçoit cette « norme de performance » comme une solution intérimaire jusqu’à ce qu’une réglementation limite les émissions du secteur électrique. Elle pourra alors réévaluer cette norme et l’ajuster en conséquence.

> Pour en savoir plus
[communiqué]


Le gouvernement britannique veut encadrer les compensations volontaires de carbone

Alors que les organisations vendant des compensations de carbone se multiplient, le ministère de l’Environnement de la Grande-Bretagne a annoncé son intention de certifier les compensations volontaires qui respectent les critères des crédits émis dans le cadre du protocole de Kyoto et du système européen d’échange de quotas d’émissions.

Le gouvernement affirme vouloir aider les consommateurs, individuels et organisationnels, en assurant que les compensations proposées respectent des normes de qualité et d’imputabilité sévères.

Le Department for Environment, Food and Rural Affairs (Defra) a publié un document qui servira de base à la consultation avec les organisations offrant ces compensations. Il ne s’agit pas d’une réglementation qui obligera ces acteurs à respecter certaines normes précises, mais il est clair que la certification du Defra ajoutera une crédibilité certaine à toute organisation vendant des compensations de carbone.

Lors du dévoilement de ce document, le Defra a identifié les quatre organisations britanniques qui respectent les critères envisagés : Pure, Global Cool, Equiclimate and Carbon Offsets.

Il est actuellement très difficile de distinguer entre les différentes offres de compensations volontaires de carbone sur le marché, en Europe ou en Amérique du Nord. Aucune norme reconnue n’existe et plusieurs organisations ne fournissent pas tous les renseignements nécessaires à une évaluation rigoureuse de ce qu’elles offrent.

La Tufts Climate Initiative, de l’université du même nom, a publié un bon guide afin d’aider les consommateurs à y voir plus clair. Toutefois, au-delà de leurs recommandations concernant certaines organisations particulières, les auteurs déplorent la grande disparité dans la qualité des offres de compensations de carbone actuellement sur le marché.

Certaines organisations offrant actuellement des compensations soulignent qu’elles sont favorables à un encadrement, mais dénoncent le fait que la proposition du Defra repose uniquement sur l’achat de crédits issus du régime de Kyoto et du système européen. Selon eux, le système actuel permet de financer des projets intéressants, souvent de plus petite échelle, qui ne pourraient se réaliser dans le cadre du MDP, notamment, dû aux ressources financières et professionnelles importantes nécessaires à la mise sur pied d’un projet de ce type.

L’International Emissions Trading Association (IETA), qui regroupe près de 150 entreprises et organisations impliquées dans l’échange de crédits d’émissions, travaille depuis 18 mois à l’élaboration de normes spécifiques aux compensations volontaires. Les critères d’évaluation de l’IETA seraient « aussi rigoureux que le MDP, mais moins bureaucratiques ».

> Pour en savoir plus
[communiqué]
[Tufts Climate Initiative]
[article]
[article]


4è rapport du GIEC disponible le 2 février

Le sommaire pour les décideurs du quatrième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) sera lancé demain à Paris.

Ce nouveau rapport devrait entériner l’évolution du consensus scientifique sur les changements climatiques depuis 2001, lors de la parution du troisième rapport du GIEC.

Ces documents représentent la référence scientifique dans le domaine des changements climatiques puisqu’ils sont le fruit du labeur des meilleurs spécialistes de partout dans le monde mais également parce que le sommaire pour les décideurs est approuvé par les gouvernements participants.

> Pour en savoir plus
[site du GIEC]